Le Dr Patrick PETITPRETZ a donné un aperçu sur le biofilm broncho-pulmonaire
en rappelant que les biofilms microbiens correspondent à un mode de croissance et d’organisation défensive, et constituent en réponse adaptive à un environnement hostile afin de préserver l’espèce. L’exemple type est celui du Pseudomonas Aeruginosa, de phénotype mucoide, capable de produire de grandes quantités d’exopolysaccharide (alginate), constituant principal du biofilm, lui conférant un rôle de stabilisation structurelle et de protection: les bactéries vont y survivre.
Le conférencier a insisté sur la détection précoce et l’éradication agressive de la colonisation à Pseudomonas Aeruginosa pour éviter son implantation et/ou empêcher la constitution du biofilm au stade où il est encore immature. Le traitement continu antibiotique, notamment sous forme nébulisée, en cas d’infection chronique et donc de biofilm constitué, est parfois nécessaire pour maintenir la fonction respiratoire et améliorer la qualité de vie. (Hoiby et al. The clinical impact of bacterial biofilms. Int J Oral Sci 2011 ;3 :55-65)
Le Pr Agnès HAMZAOUI, a par la suite exposé le traitement de la colonisation bactérienne dans la DDB non mucoviscidosique.
La colonisation bactérienne est définie par la mise en évidence du même germe sur trois prélèvements respiratoires successifs au cours d’une période minimale de 6 mois. Dans les DDB, la colonisation à Pseudomonas Aeruginosa est associée à un déclin accéléré de la fonction pulmonaire et constitue un facteur de risque de mortalité.
D’après les dernières recommandations de la BTS publiées en 2010, le traitement de la primo-infection à Pseudomonas repose sur l’association ß-lactamine et aminoside ou ciprofloxacine pour 2 semaines. Il est ainsi obtenu 80% d’éradication du Pseudomonas en post cure immédiate et 40% un an après la cure. (White, Respir Med 2012). En cas d’echec, càd une fois la colonisation installée, seules les exacerbations sont traitées.
Le traitement de fond du Pseudomonas, chez les patients faisant plus de 3 exacerbations/an ou moins de 3 exacerbations/an mais avec une morbidité certaine, repose sur les macrolides et les antibiotiques inhalés. Plusieurs études ont démontrées que les macrolides (Azithromycine, Erythromycine) améliorent la fonction respiratoire et diminuent les exacerbations avec peu d’effets secondaires. Mais les macrolides au long cours pourraient induire des résistances bactériennes.
Les antibiotiques inhalés (Tobramycine, Colimycine) sont prescrits hors AMM. La Tobi® semble avoir une efficacité clinique et bactériologique mais le coût est élevé et les effets secondaires (surtout le bronchospasme) très fréquents (8-24%) faisant interrompre le traitement. Une étude récente a montré de bons résultats avec la gentamycine inhalée avec un coût bien moindre. (Pasteur MC, Bilton D, Hill AT. British Thoracic Society guideline for non cystic fibrosis bronchiectasis. Thorax 2010;65:suppl 1. i1-i58.- Wong C et al. Azithromycin for prevention of exacerbations in non cystic fibrosis bronchiectasis (EMBRACE): A randomized, double blind, placebo controlled trial. Lancet 2012;380(9842):660-667.- Murray MP et al. A randomized controlled trial of nebulized gentamycin in non cystic fibrosis bronchiectasis. Am J Respir Crit Care Med 2011;183(4):491-499.)
Enfin, le Pr Hajer RACIL a cloturé la première session en faisant le point sur l’assocation Asthme et DDB.
La prévalence des DDB chez les asthmatiques est variable allant de 9 à 77%, et la prévalence de l’asthme chez les patients porteurs de DDB est de 3 à 30%. L’association de l’asthme et des DDB pose un véritable problème de prise en charge thérapeutique avec un contrôle difficile des 2 pathologies du fait d’une interaction réciproque. Les différentes études n’ont pas montré de bénéfice des corticoides inhalés chez les patients ayant des DDB sans asthme. Les macrolides à faible dose pourraient être utiles chez les patients ayant un asthme sévère et des DDB. (Coeman M et al. Neomacrolides in the treatment of patients with severe asthma and/or bronchiectasis: A retrospective observational study. Ther Adv Respir Dis 2011;Dec 5 : 377-385.)